Alors que les rues des grandes métropoles voient de plus en plus de véhicules sans conducteur, l’horizon 2025 s’annonce comme une étape cruciale pour les taxis autonomes et leur impact sur l’emploi traditionnel. Uber a annoncé son intention de déployer ses taxis autonomes dès 2026 en Europe, s’appuyant sur un partenariat avec la chinoise Momenta. Cette réalité, déjà présente en Chine et aux États-Unis avec des acteurs comme Waymo, Tesla ou Baidu, promet de chambouler les habitudes des passagers comme des chauffeurs. Alors que les véhicules autonomes gagnent du terrain, la législation et le cadre réglementaire peinent à suivre l’évolution rapide de cette technologie disruptive. Quelle place resterait-elle aux chauffeurs traditionnels dans ce nouveau paysage ? Comment les entreprises et les autorités envisagent-elles leur avenir ?
L’évolution technologique des taxis autonomes et leur déploiement imminent en Europe
Le secteur des véhicules autonomes connaît une accélération spectaculaire depuis quelques années, portée par l’innovation des leaders du marché. Parmi eux, Waymo, la filiale de Google spécialisée dans la conduite autonome, a développé des flottes actives dans plusieurs villes américaines, notamment San Francisco. De même, Tesla, avec ses systèmes Autopilot et Full Self-Driving, s’inscrit dans cette dynamique, atteignant un niveau d’autonomie avancé. En Asie, Baidu et Zoox, filiale d’Amazon, innovent également dans ce domaine. Plus récemment, Uber a fait le choix tactique de s’associer avec Momenta, une entreprise pionnière en Chine, renforçant ainsi sa capacité à lancer ses taxis sans chauffeurs dès 2026 en Europe. Ce partenariat illustre bien la coopération transatlantique et transpacifique qui caractérise ce secteur en pleine mutation.
En 2025, l’introduction de ces services autonomes n’est plus un rêve lointain mais une réalité à portée de main. Aux États-Unis, Uber prévoit de déployer ces véhicules au Texas dès la fin de 2025, s’appuyant notamment sur la technologie de la start-up May Mobility. Cette implantation progressive permet de tester les réactions des usagers, d’ajuster la sécurité et d’optimiser les algorithmes dans un cadre réel. Parallèlement, en Chine, notamment dans la mégapole de Wuhan, près de 500 taxis autonomes circulent chaque jour. Ces voitures, dépourvues de chauffeurs humains, transportent des passagers dans un environnement dense, confrontant la technologie à des conditions de circulation complexes.
Les constructeurs européens ne sont pas en reste. Renault, Volkswagen, Audi et d’autres fabricants ont investi dans la recherche pour concevoir des véhicules électriques, autonomes et connectés. Bien que beaucoup de ces prototypes restent au stade expérimental, comme l’Audi Aicon sans volant ni pédales dévoilée en 2017, ces expérimentations nourrissent les innovations à venir. Karsan et Navya se distinguent en proposant des navettes autonomes adaptées au transport collectif, destinées à des trajets préprogrammés et sécurisés. Ces développements annoncent une diversification des modèles de transport autonome, avec à la clé une transformation profonde du secteur des transports urbains.
Encadrement juridique des taxis autonomes : des adaptations législatives indispensables
Le déploiement massif des taxis autonomes remet en question l’essence même du cadre juridique actuel qui repose principalement sur la présence d’un conducteur humain responsable. Le Code des transports, pierre angulaire de la législation, nécessite une refonte solide afin d’intégrer les spécificités liées à la conduite automatique. Par exemple, la responsabilité légale traditionnelle attribuée au chauffeur doit être réévaluée. En cas d’accident, la question centrale devient : qui porte la responsabilité juridique ? Le fabricant du véhicule, l’éditeur du logiciel autonome, ou l’opérateur de la flotte ? Ce questionnement appelle une révision profonde du droit de la responsabilité civile et demande une collaboration étroite entre législateurs et experts technologiques.
La France, comme plusieurs pays européens, applique déjà depuis 2022 une réglementation encadrant certains usages des véhicules autonomes, en particulier pour des navettes sur des itinéraires prédéfinis ou dans le cadre d’expérimentations contrôlées. En parallèle, les entreprises doivent se conformer à des exigences élevées en matière de sécurité et de maintenance, et inclure des opérateurs de sécurité embarqués, notamment dans les phases initiales de déploiement. Cette condition vise à rassurer les usagers et à pallier les limitations actuelles des algorithmes, comme en témoigne le partenariat de structure entre Uber et Momenta.
Aux niveaux local et national, les collectivités territoriales voient leur périmètre d’action s’élargir car elles doivent adapter les infrastructures, les règles de circulation et les zones d’exploitation. Sur le plan européen, une harmonisation des règles devient urgente pour éviter un morcellement réglementaire qui freinerait le développement des taxis autonomes au-delà des frontières nationales.
Conséquences sociales et professionnelles : quelle place pour les chauffeurs traditionnels ?
La montée en puissance des taxis autonomes implique un bouleversement certain pour les chauffeurs traditionnels, dont le métier pourrait être profondément transformé, voire menacé. Les prédictions annoncent une réduction progressive de la demande de conducteurs humains, surtout dans les zones urbaines où la technologie trouve son terrain d’expression privilégié. Pourtant, cette transition vers les véhicules sans chauffeur ne signifie pas forcément une disparition totale des emplois liés au transport.
La reconversion professionnelle apparaît comme une nécessité incontournable. Les compétences des chauffeurs pourraient être redirigées vers des postes de supervision des flottes autonomes, de maintenance technique ou de gestion des incidents à distance. Ces nouveaux métiers réuniraient des qualités variées, combinant expertise informatique, technologique et service client. Par exemple, les opérateurs chargés de monitorer les véhicules en temps réel pourront intervenir en cas de dysfonctionnement ou dans des situations exceptionnelles où l’intervention humaine reste cruciale.
Les organisations syndicales et les instances représentatives du personnel jouent un rôle fondamental dans cette mutation en engageant les négociations sur les mesures d’accompagnement social et la protection du droit du travail. La mise en place de formations adaptées et d’aides financières à la reconversion est au cœur des discussions. Par ailleurs, le dialogue social contribue à élaborer un cadre respectueux des droits des travailleurs confrontés à cette innovation disruptive.
En parallèle, une coexistence à moyen terme entre taxis autonomes et chauffeurs traditionnels est envisageable. Certaines parties de la ville ou certains types de trajets pourraient nécessiter une présence humaine, notamment pour garantir un lien social ou adapter le service à des besoins spécifiques. Par ce biais, la motorisation partagée, via des acteurs comme BlaBlaCar, continue également d’évoluer et d’interagir avec ces nouveaux modèles de mobilité autonome.